QUE LA CENDRE NE POSSEDE AUCUNE RESISTANCE MUSABLE (1994)
Hörspiel franco-allemand sur des textes de Robert Walser
avec la voix de Hubertus Biermann. 32 minutes (inédit)
Ce Hörspiel commencé en été 1994 vient enfin au jour bien qu'au demeurant inédit. Je l’ai élaboré dans la découverte si tardive des textes et poèmes de Robert Walser en 1993. Je me souviens, lors d’une exposition réalisée au Goethe Institute de Lyon quelques années auparavant, avoir eu le souffle coupé en découvrant, mais terriblement, ces clichés qui montrent ce corps évanouis dans la neige. Arrêté dans sa promenade d’un 25 décembre et revenant sur le pas (Schritt) ultime de cette mort poudreuse comme consignée par prémonition dans un de ses romans de jeunesse. Ainsi voyons-nous, à même la trace, cette photographie si frappante de ce corps éteint et retrouvé là, devant nos yeux dans ses propres empreintes tel un signe, cette ultime ponctuation de sa vie se perdant dans l'écriture de moins en moins lisible. Disparaîssant jusqu'à l'intérieur d'elle-même.
Robert Walser passa le tiers de sa vie en se retirant progressivement du monde jusque dans une miniaturisation extrême de son écriture devenue illisible. Dans ce récit sonore dans lequel se mêlent des fragments de proses et des poèmes portés dans les deux langues par le chant de la voix de Hubertus Biermann, j’ai essayé de convoquer et de mêler à travers la dimension de la mémoire et de la disparition, une portée de neige et son presque négatif à savoir ce que pourrait-être aussi la cendre. Sorte d’oxymore continue qui tisse la trame de cette narration partagée entre crépitements et éblouissements. Promenade qui passe de contrées peuplées de sonorités à des espaces de grands vides ; fil ténu à même la sonorité d'une ouate telle que la neige peut nous l’offrir mais pour s’y enfoncer à travers des emprunts circonscrits là où il en va à la fois de l'emprunt à l'empreinte.
Il y aurait ici presque deux empreintes, celle qui s’imprime dans la neige et celle qui s’exprime en reste, par écho, mais à la perte, et qui raisonne dans la mémoire via la cendre.
Je dédie ce travail à la mémoire de l’immense traducteur que fut Claude Riehl et pour qui, ce hœrspiel avait retenu une attention certaine.
Franck Yeznikian, 2013