Avec des larnes, tu amolliras le diamant
Ovide, L'Art d'aimer
L'un des thèmes de cette pièce consiste en la géométrisation du son et de ses figures dans l'espace que représente la disposition orchestrale (sa cartographie). Par conséquent, la disposition des cordes correspond à celle introduite à l'époque classique (les violons I et II se faisant face). C'est pourquoi l'écriture des dynamiques pour les seconds violons est par endroits plus accentuée afin de rééquilibrer ce qui serait de l'ordre d'une égalisation de plans sonores étant donné d'une part le déséquilibre en nombre et la projection du son partant dans l'orchestre. Il est important de s'imaginer cette disposition pour en mieux saisir certains mouvements qui parfois sont structurés en écho. L'œuvre dans son principe narratif, déploie au fur et à mesure un travail qui participe au niveau d'une échelle de présences du phénomène sonore; l'utilisation de sourdines traditionnelles (de préférence en bois) ainsi que celles en plomb (sourdine d'hôtel ou practice mute) pour les cordes, va dans le sens d'une consciente fragilisation de la texture et des plans pour y révéler, à même l'efficace d'une perte si l'on peut dire, le surgissement d'apparitions et de disparitions dans le sens toujours dynamique et éveillé de ce qui demeure, à notre conscience, sur le plan de la présence. Ce diamant noir dans ce contexte pourrait-être comme cette pierre obsidienne, cette roche volcanique vitreuse dont de nombreux gisements se trouvent en Arménie et que je vois aussi refaire surface géométriquement dans l'étrange polyèdre d'une gravure bien célèbre.